
Le 10 août, un technicien de Schindler avait mis fin à ses jours dans la gaine d’ascenseur d’un immeuble d’Albi.
Pour sa famille, qui envisage de saisir la justice, ce geste est la conséquence d’une «anxiété professionnelle». Pourquoi un homme qui aimait son travail et était si dévoué à son entreprise en est-il venu à mettre fin à ses jours, en se faisant écraser par un des ascenseurs dont il assurait habituellement la maintenance dans un immeuble d’Albi ? Depuis le 10 août et la découverte du drame avenue Foch, cette question hante la famille et les collègues de travail de François Leiro. Ils sont persuadés que le suicide de ce Saint-Juérien de 41 ans, « un excellent technicien sorti major de sa promotion à l’issue de son stage dans le centre de formation de Schindler en 1991 », est directement lié à la pression qu’il subissait, depuis plusieurs mois, dans son entreprise. Du reste, ce célibataire qui résidait chez sa mère à Saint-Juéry, a laissé une lettre pour expliquer son geste, dans la chambre de l’hôpital du Bon-Sauveur d’Albi où il était soigné pour une dépression.La famille Leiro veut rétablir certains faits (1). Si elle n’a pas encore saisi la justice, son intention est claire quand elle affirme: «A ce jour, et sous réserve de l’évolution de ce dossier que la famille n’entend pas clore, le lieu du drame est révélateur du malaise et de l’anxiété d’origine professionnelle qui ont malheureusement coûté la vie à la victime ». Patrick Garcia, délégué CGT de Schindler Toulouse, est beaucoup plus explicite : « A nos yeux, cet acte désespéré est symbolique et chargé d’un message par le choix du lieu. Se suicider dans un ascenseur quand on est ascensoriste, c’est vraiment pour montrer du doigt les responsables ».
Averti et mis à pied
François Leiro, « un très gentil garçon qui connaissait bien son métier », était pourtant dans le collimateur de son employeur. En l’espace de quelques mois, il avait fait l’objet de deux avertissements, le premier étant accompagné de deux jours de mise à pied. Pour quels motifs ?
Selon François Lucas, directeur des ressources humaines, joint hier au siège du groupe à Vélizy, « la sanction de décembre 2009 portait sur une fausse déclaration d’ordre de travail et le 22 juin, nous lui avons remis en main propre une lettre d’avertissement : il avait manqué de rigueur dans le respect de la procédure et des éléments ayant trait à la sécurité des usagers ».
Une course à son nom
La CGT a une tout autre version : « Fin 2009, ils l’ont convoqué par rapport aux heures supplémentaires. Sur son agence, c’est lui qui en faisait le plus. En juin, ils l’ont reconvoqué pour des motifs dérisoires, par exemple le fait d’avoir oublié d’éteindre la lumière dans une machinerie. La vérité, c’est qu’ils voulaient se débarrasser de lui. Ils l’ont poussé à bout et il est tombé malade ».
Syndicat et direction s’entendent au moins sur un point : « C’est un métier qui comporte sa part de stress ».
Un stress, voire une pression que François Leiro, qui ne s’entendait pas bien avec sa chef de service, n’aurait plus eu la force de supporter ?
Le 13 août, lors de ses obsèques dans le petit cimetière d’Arthès, une de ses amies avait lancé ces mots : « Son dévouement total et une grande injustice à son égard l’on mené à sa perte ».
À Saint-Juéry, ses copains de l’association Lo Capial, où François animait la section VTT, sont inconsolables. Ils envisagent d’organiser une course qui portera son nom. « Si on recherche la vérité sur ce drame, c’est d’abord pour rendre à François son honneur », confie un membre de sa famille.
La Dépèche.fr du 10 septembre 2010


